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Étude de cas : rénovation électrique d’un établissement public (lycée)

Publié le 10 juillet 2025

Pour illustrer concrètement les éléments de l'article précédent (Panorama : marchés publics d'installation électrique en France), prenons le cas théorique d’un marché public de rénovation électrique intégrant courant fort et courant faible dans un lycée. Ce type de projet est courant pour les régions (compétentes sur les lycées) et combine généralement la remise à neuf de l’alimentation électrique (tableaux, câbles, éclairage) et la modernisation des réseaux faibles (informatique, sécurité).

Cahier des charges type et prestations attendues

Dans le CCTP d’un tel marché, on trouvera d’abord un descriptif du contexte : par exemple « Lycée construit en 1985, environ 10 000 m² de surface, présentant des installations électriques vieillissantes ne répondant plus aux normes en vigueur ». Le cahier des charges précisera les objectifs : mise en sécurité de l’installation (disjoncteurs différentiels aux normes, suppression des matériels obsolètes), amélioration de l’efficacité énergétique (relamping LED, détecteurs), adaptation aux nouveaux besoins (ajout de prises, extension du réseau informatique, Wifi, vidéosurveillance…).

Les prestations en courant fort typiques incluent : le remplacement du TGBT et des tableaux divisionnaires dans chaque bâtiment, le renouvellement ou la redistribution des circuits (avec pose de nouveaux câbles et gaines, parfois sous moulures ou faux-plafonds si on évite les saignées), la mise à la terre généralisée et équipotentielle, l’installation de luminaires LED intelligents (pilotables ou avec détecteurs de présence dans les couloirs et sanitaires), l’ajout d’onduleurs ou de blocs secours pour l’éclairage de sécurité, etc. Il peut y avoir un volet alimentation de secours (ex : prévoir une prise de raccordement pour groupe électrogène mobile, ou remplacement du groupe existant si hôpital).

Les prestations en courant faible porteront par exemple sur : la refonte du câblage VDI (voix-données-images) du lycée avec baies de brassage dans chaque bâtiment et câblage catégorie 6 ou 7 vers des prises RJ45 dans les salles de classe et bureaux, l’installation de bornes Wi-Fi, la mise en place d’un système de contrôle d’accès par badges aux entrées, d’un système d’alarme intrusion et vidéoprotection aux normes (caméras IP, enregistrement sur NAS), et probablement l’installation ou la rénovation du système d’alarme incendie (SSI de catégorie adéquate pour un ERP de type R). Chaque sous-système aura ses spécifications (ex. norme NFS 61-932 pour SSI, norme EN 50173 pour le câblage structuré informatique, etc.).

Le cahier des charges détaillera les contraintes d’exécution. Dans un lycée occupé en période scolaire, le phasage des travaux est crucial : beaucoup de tâches devront se faire pendant les vacances d’été ou éventuellement en horaires décalés (soirées, week-ends) afin de ne pas interrompre les cours. Le marché mentionnera donc un calendrier prévisionnel – par exemple « travaux préparatoires en mai-juin (pose de chemins de câbles), coupure générale et basculement électrique en juillet, finitions en août, réception avant la rentrée ». Il pourra imposer la fourniture d’une continuité de service pendant les travaux : par exemple maintenir l’alimentation de certains locaux sensibles (salles serveurs, éclairage de sécurité) grâce à des sources temporaires si nécessaire.

Enfin, on attend du titulaire qu’il fournisse en fin de chantier un DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés) complet : plans mis à jour (schémas unifilaires des tableaux, plan de câblage), notices techniques des matériels installés, procès-verbaux de vérification et de mesure (mesures d’isolement, test de terre, rapport de consuel ou bureau de contrôle), et éventuellement une formation du personnel de maintenance du lycée aux nouveaux équipements (GTB, alarme, etc.). Toutes ces exigences doivent être chiffrées et incluses dans l’offre.

Pièges courants et difficultés à anticiper

Plusieurs pièges et difficultés peuvent faire échouer ou renchérir ce type de projet si on ne les anticipe pas :

  • Sous-estimation du cahier des charges technique : Une erreur fréquente est de ne pas lire attentivement toutes les pièces (plans existants, annexes techniques) et de passer à côté d’une exigence importante. Par exemple, le CCTP pourrait contenir une clause imposant une marque particulière pour les appareillages (par souci d’harmonisation avec l’existant), ou exiger que tous les câbles courants forts soient sous moulure aluminium ignifugée (bien plus coûteuse qu’une moulure PVC standard). Si l’on ne repère pas ces points, on risque de proposer un matériel non conforme ou d’exploser son budget en cours de chantier. Astuce : établir dès le départ une checklist de toutes les obligations techniques mentionnées, et vérifier que l’offre y répond point par point.

  • Délais trop courts ou phasage complexe : Les marchés publics fixent un délai d’exécution contractuel. Dans notre exemple, il peut être très resserré (réaliser l’essentiel des travaux durant 8 semaines d’été). Un piège classique est de sous-estimer la durée réelle des travaux ou la difficulté du phasage. Travailler de nuit ou week-end pour respecter le calendrier génère des surcoûts (heures majorées) et de la fatigue d’équipe. Si le chantier dépasse le délai, les pénalités de retard tomberont. Solution : élaborer un planning détaillé et réaliste dès l’offre, prévoyant assez de ressources pour les périodes critiques. Mieux vaut proposer un délai un peu plus long mais tenable, que promettre un délai trop court non maîtrisé.

  • Coordination insuffisante avec les autres corps d’état : Dans une rénovation lourde, il y a souvent d’autres lots en parallèle (second œuvre, CVC pour le chauffage/clim, éventuellement SSI ou ascenseurs). Un piège est de rester focalisé sur son lot électricité sans s’apercevoir qu’il faut coordonner certaines prestations. Exemples : les passages de câbles peuvent dépendre du lot cloisons/faux-plafonds (il faut intervenir au bon moment avant que tout soit refermé), les alimentations des nouvelles centrales de traitement d’air ou chaudières doivent être prêtes quand le chauffagiste les installe, etc. Si l’électricien n’anticipe pas ces interfaces, le chantier peut prendre du retard global. Conseil : participer activement aux réunions de chantier, et établir un contact régulier avec les autres titulaires de lots pour ajuster l’enchaînement des tâches.

  • Aspects cachés des bâtiments existants : Les rénovations réservent souvent des mauvaises surprises. Par exemple, la présence d’amiante dans les dalles ou gaines électriques anciennes est un risque majeur : si elle n’est pas repérée avant, les travaux doivent s’arrêter le temps d’un désamiantage par une entreprise spécialisée, ce qui bouleverse le planning et le budget. D’autres pièges : des chemins de câbles bouchés ou inaccessibles, des faux-plafonds fragiles, ou des schémas électriques existants manquants/incomplets rendant difficile l’identification des circuits. Parade : effectuer une visite de site obligatoire (souvent prévue dans le DCE) avec le plus grand soin, poser des questions écrites au maître d’ouvrage si des doutes subsistent, et intégrer une marge de sécurité (technique et financière) pour pallier les aléas de chantier.

  • Offre financière déséquilibrée : Enfin, dans la réponse à l’appel d’offres, un piège est de minorer certains postes pour rendre le total attractif, en espérant se rattraper en cours de chantier via des avenants. Les marchés publics encadrent strictement ces pratiques et une offre anormalement basse peut être rejetée. De plus, si vous remportez le marché à un prix trop bas, vous risquez de travailler à perte. Mieux vaut calculer un prix juste, optimisé mais couvrant l’ensemble des coûts, et expliciter clairement votre devis (BPU/DQE) pour que l’acheteur comprenne ce qui est inclus. En cas d’oubli d’une quantité ou d’erreur de chiffrage, il sera trop tard une fois le marché signé.

En résumé, éviter ces pièges nécessite rigueur et expérience : bien analyser le dossier, planifier méthodiquement, communiquer avec les autres intervenants, et prévoir l’imprévu autant que possible.

Astuces pour une offre gagnante (technique et financière)

Pour maximiser vos chances de succès sur un marché public d’installation électrique, voici quelques stratégies et bonnes pratiques :

  • Personnaliser le mémoire technique : C’est la règle d’or. Un mémoire technique générique ou trop standard sera mal noté. Au contraire, il faut adapter votre offre au projet spécifique. Montrez que vous avez compris les besoins du lycée : par exemple, décrivez en détail comment vous organiserez le chantier pendant l’été pour respecter les contraintes scolaires, proposez un plan de coupe du bâtiment avec vos cheminements de câble optimisés, mentionnez que vous connaissez la marque du SSI existant et que vous prévoyez une compatibilité. Ce niveau de détail rassure l’acheteur public. Incluez des schémas, photos de réalisations similaires, etc., pour illustrer vos propositions.

  • Valoriser vos compétences et références : Un acheteur public de type lycée voudra s’assurer que l’entreprise choisie a déjà mené à bien des projets comparables. Mettez en avant vos références : par exemple « Rénovation électrique du collège X (2019) – 5 000 m², lots CFO/CFA, installation LED et SSI – livré dans les délais ». Joignez éventuellement des attestations de bonne exécution. Mentionnez aussi les qualifications de votre personnel : habilitations électriques, certification Qualifelec ou équivalente en courants forts/faibles, label RGE (si pertinent pour l’efficacité énergétique). Cela donne du poids à votre offre. N’hésitez pas à ajouter des CV synthétiques de vos chefs de projet ou chefs de chantier avec leurs années d’expérience et réussites.

  • Proposer des variantes techniques judicieuses : Si le règlement de consultation l’autorise, une variante bien pensée peut vous démarquer. Par exemple, proposer une solution technique alternative qui apporte un plus : un système de gestion d’éclairage connecté pilotable par le proviseur via smartphone, une amélioration du rendement énergétique (pose de panneaux solaires en ombrières sur le parking pour alimenter une partie du lycée, couplé à des bornes de recharge pour le personnel). Attention, la variante doit au minimum répondre au besoin de base et rester dans l’enveloppe budgétaire. Si pertinente, elle montrera votre capacité d’innovation et peut rapporter des points sur le critère technique (voire sur le critère développement durable).

  • Optimiser le rapport qualité-prix : Sur la partie financière, soyez compétitif en négociant vos fournitures (grossistes) à l’avance sur ce projet, en optimisant vos approvisionnements (commande groupée de luminaires LED, par exemple). Tout en restant compétitif, ne rognez pas trop les marges sur des postes critiques. Il vaut mieux expliquer dans le mémoire technique les gains sur la durée de vie : par exemple, justifier un coût unitaire de luminaire un peu plus élevé par son efficacité et sa durabilité (réduction des coûts de maintenance pour le lycée). Les acheteurs publics raisonnent de plus en plus en coût global, ils peuvent être sensibles à un investissement légèrement supérieur s’il est gage d’économies futures.

  • Soigner la présentation et la clarté : Une offre bien structurée et présentée donne une image professionnelle de votre entreprise. Respectez le plan demandé par l’acheteur, faites des phrases claires et sans jargon excessif, évitez les fautes. Incluez un résumé des points forts de votre offre. Utilisez des tableaux pour récapituler votre planning ou vos effectifs par phase, cela facilite la lecture. N’oubliez pas qu’un mémoire technique est non seulement un document contractuel, mais aussi le reflet de votre capacité à organiser et gérer efficacement un chantier. Un document confus ou désordonné donnera l’impression que vous manquerez de rigueur sur le terrain.

En appliquant ces conseils, vous augmenterez significativement votre note technique, ce qui est déterminant pour remporter le marché même face à des concurrents moins-disants. Restez également réactif pendant la phase de question-réponse de la consultation, et tenez-vous prêt à défendre votre offre si une phase de négociation est prévue.

 

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