Les marchés publics d’installation électrique en France regroupent l’ensemble des appels d’offres émis par des organismes publics (collectivités, État, hôpitaux, etc.) pour des travaux électriques. Ces marchés couvrent à la fois le courant fort (distribution de puissance électrique) et le courant faible (réseaux de communication et sécurité). Dans cet article, nous dressons un panorama du secteur, expliquons les spécificités des appels d’offres publics en électricité, analysons les tendances récentes (2023-2025) – notamment sous l’effet des politiques énergétiques et du plan de relance – puis proposons une étude de cas théorique (rénovation électrique d’un lycée ou hôpital) avec pièges à éviter et conseils pour une offre gagnante.
Panorama du secteur de l’installation électrique en France
Cadre réglementaire et normes : Le secteur de l’installation électrique est fortement encadré pour garantir la sécurité des personnes et des bâtiments. La norme NF C 15-100 s’impose comme le référentiel principal pour les installations basse tension en France. Elle définit les exigences de conception et de protection des circuits électriques. En parallèle, les réglementations thermiques et environnementales (telles que la RE2020, succédant à la RT2012) impactent indirectement les installations en fixant des objectifs de performance énergétique des bâtiments neufs. Par ailleurs, le Code de la commande publique régit la passation des marchés publics depuis 2019, assurant la transparence et l’égalité de traitement des candidats.
Courant fort vs courant faible : Le courant fort désigne tout ce qui transporte de l’énergie électrique pour alimenter les équipements puissants : éclairage, prises de courant, chauffage, moteurs, etc. Par exemple, le réseau 230/400 V d’un bâtiment, du tableau général basse tension (TGBT) jusqu’aux prises et luminaires, relève du courant fort. En revanche, le courant faible concerne les systèmes véhiculant de l’information ou de la faible puissance : réseaux informatiques (Ethernet), téléphonie, interphones, alarmes incendie, contrôle d’accès, vidéosurveillance, domotique, etc. Ces deux types de réseaux coexistent dans les bâtiments modernes tout en étant physiquement séparés pour éviter les interférences (obligation de cheminements distincts conformément à la NF C 15-100). Avec l’essor de la domotique et des objets connectés, le courant faible prend une importance grandissante dans le bâtiment connecté actuel.
Acteurs majeurs et structure du marché : Le tissu des entreprises d’installation électrique en France est très fragmenté. On compte plus de 130 000 entreprises électriques sur le territoire, dont 98,5 % de TPE de moins de 20 salariés. Ces artisans et PME assurent la majorité des chantiers locaux (logements, petits tertiaires). À l’autre extrémité, on retrouve de grands groupes capables de prendre en charge des projets d’envergure et des contrats nationaux. Les principaux acteurs se répartissent en plusieurs catégories : les divisions Énergie des grands groupes BTP (telles qu’Eiffage Énergie Systèmes, Vinci Énergies, Equans, SPIE Batignolles Énergie, Fayat Énergie Services), des groupes spécialisés en travaux électriques (Fauché, SNEF, Brunet, CEME, etc.), ainsi que des sociétés de services énergétiques (Dalkia, SPIE…) intervenant sur la gestion globale des installations. Ces grands opérateurs disposent de réseaux couvrant tout le territoire et participent aux plus gros marchés publics (bâtiments industriels, hôpitaux, infrastructures…).
Évolution des besoins et nouvelles tendances : Les besoins en installations électriques évoluent rapidement sous l’effet de la transition écologique et du numérique. D’une part, la transition énergétique stimule la demande en solutions électriques durables : intégration systématique des énergies renouvelables (pose de panneaux solaires, éoliennes urbaines…) et remplacement massif des anciens équipements par des technologies sobres en énergie. Par exemple, l’adoption généralisée de l’éclairage LED a révolutionné le secteur en permettant des économies d’énergie substantielles. De même, l’essor de la mobilité électrique a créé un nouveau marché autour des bornes de recharge de véhicules électriques (IRVE), désormais une prestation courante pour répondre à l’augmentation du parc de véhicules électriquesr. D’autre part, les bâtiments tendent à devenir intelligents et connectés : la domotique, la GTB (gestion technique du bâtiment) et les systèmes pilotables à distance sont en plein essor aussi bien dans le résidentiel que dans le tertiaire. La demande explose pour des installations intégrant contrôle d’accès digital, capteurs connectés, automatismes (éclairage, chauffage, volets) afin d’améliorer le confort et l’efficacité énergétique. Enfin, la modernisation des infrastructures électriques des bâtiments anciens (patrimoine des années 60-70) offre un important gisement de travaux dans les années à venir. Les professionnels doivent ainsi sans cesse mettre à jour leurs compétences pour suivre l’évolution rapide des normes et des technologies, sous peine d’être dépassés.
Spécificités des appels d’offres publics en électricité
Les marchés publics d’installation électrique présentent des particularités qu’il convient de bien maîtriser pour y répondre efficacement. Que ce soit pour un lot courant fort (par exemple, la rénovation complète d’un réseau électrique dans un bâtiment) ou un lot courant faible (installation d’un système de sécurité incendie, câblage informatique…), les cahiers des charges publics imposent des exigences rigoureuses.
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Exigences techniques et clauses courantes
Dans un appel d’offres public, le CCTP (Cahier des Clauses Techniques Particulières) détaille les spécifications techniques du projet. On y trouve généralement :
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Références normatives obligatoires : le titulaire doit réaliser l’installation conformément aux normes en vigueur (ex. NF C 15-100 pour les installations basse tension, NF C 14-100 pour le raccordement au réseau, normes spécifiques comme NF S 61-932 pour les systèmes d’alarme incendie, etc.). Les marchés publics rappellent ces obligations de résultat, et prévoient souvent qu’en fin de chantier l’installation doit être contrôlée et certifiée conforme (consuel, bureau de contrôle) avant réception définitive.
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Matériels et exécution : le cahier des charges peut imposer des marques ou des performances minimales pour les équipements (puissance, indice de protection IP, qualité d’isolation…). Il décrit précisément les travaux à exécuter par lot : par exemple, en courant fort, la fourniture et pose de tableaux électriques, câbles, canalisations, luminaires, prises, etc. ; en courant faible, l’installation de baies de brassage, switchs, caméras, détecteurs, câbles RJ45, fibre optique, etc. Chaque poste est chiffré au BPU (bordereau de prix unitaire) ou au DQE, documents à remplir avec soin sous peine d’irrégularité de l’offre.
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Clauses d’exécution et pénalités : Les marchés publics de travaux comportent des clauses strictes sur les délais et la qualité. Le planning contractuel doit être respecté scrupuleusement, sous peine de pénalités de retard (généralement calculées par jour de retard et pouvant atteindre des montants significatifs). De même, le non-respect de certaines clauses techniques du CCTP (par exemple, si un équipement installé ne répond pas aux spécifications) peut entraîner des pénalités spécifiques. Les clauses prévoient aussi des modalités de suivi de chantier (réunions périodiques, compte-rendus) et de coordination avec les autres lots ou intervenants.
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Sécurité et environnement : Le titulaire doit se conformer aux règles de sécurité chantier (plan de prévention, habilitations électriques du personnel, assurance décennale pour les travaux). De plus en plus de marchés intègrent des clauses environnementales et sociales : gestion et recyclage des déchets de chantier, limitation des nuisances (bruit, poussières), ou encore insertion professionnelle (quota d’heures d’insertion pour les publics éloignés de l’emploi). Depuis la loi Climat et Résilience de 2021, l’acheteur public est incité à inclure des critères de développement durable dans ses marchés, avec à terme (dès 2024-2026) l’obligation d’au moins une clause et un critère environnemental dans chaque marché. Ainsi, un appel d’offres d’installation électrique peut exiger, par exemple, l’utilisation de matériaux à faible empreinte carbone ou la mise en œuvre d’une solution économe en énergie (détecteurs de présence, LEDs) afin de promouvoir les achats publics durables.
Critères d’attribution des marchés publics électriques
Les appels d’offres publics sont attribués selon le critère du meilleur rapport qualité-prix. Concrètement, cela se traduit par une grille de notation pondérant la valeur technique et le prix, voire d’autres critères. Dans le secteur électrique, la valeur technique de l’offre est souvent déterminante : elle compte couramment pour 50 à 60 % de la note finale, devant le prix. Autrement dit, une entreprise peut l’emporter avec un prix légèrement plus élevé qu’un concurrent si son mémoire technique est nettement supérieur.
Les sous-critères techniques peuvent inclure par exemple : la méthodologie d’exécution des travaux, l’organisation de l’équipe (CV et qualifications des électriciens, présence d’un conducteur de travaux expérimenté), la qualité des matériels proposés (fiches techniques, performance énergétique), les mesures prises pour assurer la continuité de service pendant le chantier, le plan de gestion des déchets, etc. L’acheteur public précise dans le règlement de consultation la pondération des critères (ex : Prix 40%, Valeur technique 55%, Délai 5% ou bien intégration d’un critère environnemental, etc.). Il est impératif pour le soumissionnaire de coller précisément aux critères annoncés : un bon mémoire technique doit répondre point par point aux attentes du CCTP et du règlement, pour démontrer la compréhension du projet et la capacité à le mener à bien.
Notons que le prix reste un facteur important (souvent autour de 40-50% de la note). Une erreur serait de le négliger : même une excellente offre technique doit être compétitive financièrement. Enfin, des critères additionnels peuvent apparaître selon la nature du projet : le délai d’exécution proposé (notamment si le chantier est urgent ou contraint par une date – par exemple finir pendant les vacances scolaires), ou la valeur socio-environnementale (ex : bilan carbone du chantier, insertion locale). Les acheteurs publics tendent à formaliser ces aspects pour atteindre leurs objectifs de transition écologique.
Typologie des clients publics et de leurs besoins
Plusieurs types de maîtres d’ouvrage publics émettent des appels d’offres en électricité, avec des profils de besoins différents :
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Collectivités territoriales : communes, départements, régions. Elles lancent de nombreux marchés de travaux électriques pour les bâtiments publics locaux : écoles, lycées (gérés par les régions), collèges (départements), gymnases, éclairage public routier, bâtiments administratifs, bibliothèques, etc. Les besoins vont de la maintenance courante (relamping, mises aux normes) à des rénovations complètes ou constructions neuves. Par exemple, une mairie pourra chercher un électricien pour remettre aux normes l’installation électrique d’une école élémentaire datant des années 70, ou un syndicat intercommunal pourra lancer un marché pour moderniser l’éclairage public de plusieurs communes en LED. Ces clients sont sensibles aux offres économiquement avantageuses, mais aussi à la fiabilité (ils engagent des deniers publics, et l’image locale peut être en jeu si les travaux se passent mal).
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Établissements publics spécifiques : Hôpitaux et centres de soins ont des exigences très pointues en matière d’électricité, car la continuité électrique est vitale (alimentation des blocs opératoires, machines médicales) – ils disposent de groupes électrogènes et demandent aux prestataires de garantir zéro coupure sur les circuits de sécurité. Les universités et écoles supérieures publient des marchés pour équiper leurs campus (salles informatiques, laboratoires, amphithéâtres en courant faible, etc.). Les bâtiments culturels (musées, théâtres) peuvent nécessiter des installations spécialisées (éclairage scénique, systèmes de sécurité renforcés). Chaque type de bâtiment public a ses spécificités mentionnées dans le cahier des charges (par exemple, un CHU demandera la conformité à la norme NFC 15-211 sur les locaux médicaux, un musée insistera sur la protection foudre et la stabilité de l’alimentation pour les systèmes de sécurité incendie…).
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Services de l’État et grandes administrations : ministères, établissements publics nationaux, opérateurs d’importance (SNCF Réseau, RATP, etc. qui suivent le Code de la commande publique). Ils passent des marchés conséquents, parfois sous forme d’accords-cadres multi-attributaires, pour l’entretien et la réalisation d’installations électriques sur leur parc immobilier ou leurs infrastructures. Par exemple, le ministère de la Justice rénove l’électricité de tribunaux, le ministère de la Défense lance des appels d’offres pour des travaux électriques sur des bases militaires (avec contraintes de sécurité et confidentialité). Ces marchés sont souvent répartis en lots géographiques ou technologiques (courant fort, courant faible, sûreté…). Les critères de choix peuvent intégrer fortement la capacité technique du candidat (références solides exigées sur des projets similaires) et la sécurité (contrôle des accès chantier, habilitations particulières).
En somme, le secteur public offre un large éventail de projets en électricité, du petit marché communal au grand projet national. Chaque client public a des attentes spécifiques, mais tous recherchent des prestataires fiables, compétents et respectueux des normes, capables de livrer dans les délais et budgets impartis.
Tendances récentes du marché (2023-2025) : transition énergétique et relance
Les deux dernières années ont été marquées par des évolutions importantes dans le domaine des marchés publics électriques, sous l’impulsion de politiques publiques et de la conjoncture économique.
Effet du plan de relance et des politiques énergétiques : Pour faire face à la crise sanitaire puis énergétique, l’État français a massivement investi dans la rénovation des bâtiments. Le Plan France Relance (2020-2022) a alloué 6,7 milliards d’euros à la rénovation énergétique des bâtiments (publics et privés), un effort sans précédent. Concrètement, plus de 4 200 projets de rénovation énergétique de bâtiments publics de l’État ont été financés fin 2020-début 2021 (isolation, chauffage, mais aussi modernisation de l’éclairage et gestion technique). De nombreuses écoles, mairies et hôpitaux ont bénéficié de subventions pour remplacer leurs anciens luminaires par des LED, installer des systèmes de pilotage d’éclairage, ou mettre aux normes les tableaux électriques vétustes. Cet afflux de financements publics a dynamisé le marché des travaux électriques en 2021-2023, en créant des appels d’offres en grand nombre sur tout le territoire.
Par ailleurs, la stratégie nationale de sobriété énergétique, accélérée fin 2022 face à la flambée des coûts de l’énergie, a incité les acteurs publics à réduire leur consommation électrique. Des mesures comme le Plan de sobriété du gouvernement ont encouragé l’installation de détecteurs de présence, l’optimisation des éclairages publics (extinction nocturne, LEDs), ou encore l’ajout de systèmes de suivi des consommations. Les marchés récents intègrent plus systématiquement ces objectifs : par exemple un département peut lancer un marché global pour télémonitorer et améliorer l’efficacité énergétique de l’ensemble de ses bâtiments (ce qui inclut des lots électricité/GTB).
En matière de mobilité, les politiques publiques (loi d’Orientation des Mobilités 2019, décrets IRVE) ont fixé des obligations d’équipement en bornes de recharge électriques dans les parkings publics et privés. On observe ainsi depuis 2021-2022 un nombre croissant d’appels d’offres pour la fourniture et pose de bornes de recharge sur des sites publics (parkings de mairies, lycées, hôpitaux, etc.), souvent couplées à des installations photovoltaïques en autoconsommation pour alimenter ces bornes. Le nouveau cadre réglementaire sur la mobilité électrique soutient fortement ce marché, appelé à se développer durablement dans les années à venir.
Conjoncture économique et marché des travaux électriques : Malgré ces opportunités, les années récentes n’ont pas été sans difficultés pour les entreprises du secteur. En 2023, on a constaté une hausse des défaillances d’entreprises d’installation électrique (+48% au 1er semestre) liée à plusieurs facteurs : stagnation du marché de la rénovation hors énergétique, baisse des constructions neuves (crise du logement neuf), et augmentation des coûts (prix des matériaux comme le cuivre en forte hausse, revalorisations salariales). Cela a mis sous tension les trésoreries des PME du secteur. Néanmoins, le volume d’activité a globalement progressé, tiré principalement par la rénovation énergétique : en 2023, le chiffre d’affaires global des travaux électriques a augmenté d’environ +10,6%, porté par la forte demande de travaux d’amélioration énergétique. Les dispositifs d’incitation (subventions type CEE, MaPrimeRénov’, etc.) ont stimulé la rénovation de l’éclairage, l’installation de ventilation performante, de pompes à chaleur électriques – autant de marchés où les électriciens sont impliqués.
Une évolution notable est l’importance croissante des qualifications RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour accéder à ces chantiers. Les aides publiques exigent souvent que les travaux soient réalisés par des professionnels RGE, poussant les électriciens à se faire certifier. Fin 2024, environ 62 000 entreprises du bâtiment étaient labellisées RGE, soit seulement 10% des acteurs, mais les pouvoirs publics visent près du double d’ici 2026. Des mesures de simplification du label ont été prises pour atteindre cet objectif. Pour les marchés publics, la qualification RGE n’est pas une obligation formelle, mais de plus en plus d’acheteurs la valorisent ou la demandent lorsque le marché porte sur de l’efficacité énergétique (par exemple, re-lamping en LED ou installation de panneaux solaires sur un bâtiment communal).
En résumé, la période 2023-2025 voit un marché des travaux électriques dynamisé par la transition écologique, malgré un contexte économique tendu. La demande en rénovation énergétique reste forte et soutient la croissance du secteur. L’intérêt pour la domotique, les bornes de recharge et les solutions durables contribue également à cette dynamique. Les entreprises doivent donc s’adapter à ces nouvelles attentes (compétences en smart building, en solaire/IRVE, etc.) tout en composant avec la pression concurrentielle et la nécessité de proposer des offres compétitives.